Vanessa Schneider Et Son Fils – Le livre captivant se penche sur la transmission du pouvoir dans les dynasties industrielles de Raphaëlle Bacqué et Vanessa Schneider, grandes reporters du Monde. Au cours de leur enquête pleine de secrets, de passions et de drames, ils exhument également une histoire du capitalisme français. Entretien.
Charles III a évidemment succédé à sa mère, Elizabeth II, mais pourquoi ne fait-il rien dans le monde des affaires ?
Vanessa Schneider;” Dans le capitalisme familial, il n’existe pas de successions aussi codifiées que dans les successions royales. Parmi ses propres enfants, en dehors du clan, ou même sans choix, chaque parent peut choisir son dauphin. Avec son foisonnement d’éléments inattendus, passionnés et trompeurs, il dévoile des questions explosives sur le vaste champ des possibles.
On a aussi senti très vite que la cession de ces grandes entreprises, qui contribuent à l’économie en plein essor du pays, était moins liée à des considérations financières et davantage à des préoccupations d’ordre psychologique et émotionnel, selon Raphaëlle Bacqué. Choisir pour transférer efficacement le pouvoir, contrairement à la Couronne d’Angleterre, n’est pas une tâche facile.
Cette décision repose sur des considérations rationnelles, telles que l’évaluation des compétences, ainsi que sur des considérations irrationnelles et émotionnelles. Va-t-il comprendre me représenter, sauvegarder mon travail, me dépasser ou me fait d’ombre Avec cette enquête, nous pénétrons dans les secrets de familles semblables à la nôtre.
A quels obstacles avez-vous fait face ?
Naviguer dans ces grands modèles, dont la plupart sont plutôt subtils, n’a pas été facile. Ils restent occupés par des avocats et des conseillers en communication, comme par tradition. Après trois ans de refus de parler, Bernard Arnault a finalement cédé. Nous avons également interrogé les barons et hauts dirigeants de l’entreprise, qui sont au courant de tout, lorsqu’un certain nombre ont refusé.
Se plonger dans la vie de ces familles, c’est comme lever le rideau sur le drame, la rivalité et la jalousie qu’incarnent ces familles entrepreneuriales. C’est aussi découvrir la personnalité des entrepreneurs, leurs valeurs et l’éducation qu’ils dispensent à des enfants qui n’en ont pas toujours assez.
La lourde charge de transmettre l’entreprise à une quatrième ou cinquième génération qui ne se sent peut-être pas liée au cœur de métier de la maison est un défi pour les héritiers de vieilles familles, comme Peugeot. Le défi de la succession est énorme pour des entrepreneurs en plein essor comme Bolloré, Pinault ou Arnault, qui ont bâti d’énormes empires en un temps relativement court.
Ils ont des sentiments mitigés à ce sujet, voulant que l’entreprise leur survive mais voulant aussi être irremplaçables en tant que personnalités fortes qui rêvent d’immortalité. Après une mésentente liée à son divorce, lorsqu’il a quitté son épouse Sophie pour sa belle sœur Florence, le patriarche Vincent Bolloré avait une envie profonde de garder ses enfants, notamment ses fils Cyrille et Yannick, dans l’entreprise familiale.
Certains sont tétanisés par une séquence qui annonce leur mort, tandis que d’autres n’anticipent rien. En revanche, Jean-Claude Decaux lui-même a eu très jeune ses trois fils : à 40 ans, il leur a donné la bénédiction nuptiale, ce qui est un cas rarissime. Sans doute, lorsque les héritiers ont été préparés avec une passation de flambeau un peu douce, comme celle de François Pinault à son fils François-Henri, qu’il prétendait depuis son enfance être son successeur.
Cependant, cela ne va pas sans causer de douleur. Après la transmission du flambeau, notre père nous a confié qu’il avait souffert de dépression. Benjamin n’a pas le même niveau de connotation que ses aînés chez les Decaux. La succession au sein de ces deux familles semble s’être si bien déroulée que la deuxième génération a laissé sa marque.
Les enfants Decaux ont développé l’international, qui représente aujourd’hui 80% du chiffre d’affaires, et François-Henri Pinault a accéléré le groupe vers le luxe. La séparation est sévèrement dévastatrice pour l’entreprise, et il incombe au père de veiller à ce que ses enfants n’apprennent pas ce poison.
Par exemple, Bernard Arnault a travaillé dur pour tisser des liens solides entre ses cinq enfants issus de deux mariages distincts ; ses deux enfants aînés sont le marrain et le parrain de trois cadets. Il organise leur rencontre à travers des rendez-vous réguliers et des loisirs partagés comme le tennis car ils ont tous été élevés comme des chevaux de course. Au sein de l’entreprise, chacun possède également son propre territoire.
Cette éducation au cordoneau sera mise à l’épreuve lorsque le bien-aimé P.-D.G. de LVMH prend les rênes. Avec huit enfants, biologiques et adoptés, il a peut-être trouvé un propriétaire d’entreprise. Mais son fils Henri, par exemple, n’a jamais travaillé pour l’entreprise. Comme ses frères et sa sœur, il a une longue histoire de conflits avec son père, qui a divorcé de sa mère pour épouser la veuve de son amie Sophie Riboud.
On suppose que les textes juridiques sont rédigés avec le plus grand soin, qu’ils font l’objet d’une réflexion approfondie et d’un travail minutieux”, cherche à convaincre Vanessa Schneider. “Vivez jouir ! Elle raconte comment un groupe de députés UMP vient de récupérer un texte de Wikipédia pour un projet de loi sur la reconnaissance du génocide assyrien de 1915 (un sujet sérieux mais néanmoins sérieux !).
Comme « même un collègue un peu pieux ne le ferait pas », elle réclame un « vulgaire copié-collé » de casseroles entières de l’encyclopédie participative. Les législateurs inculpés ont « oublié d’effacer les liens inclus dans la notice repompée » tant c’était exagéré. Une légèreté telle est “assez invraisemblable” pour le journaliste.
Rappelant que les législateurs ne perdent pas de temps à relire les textes (« On pourrait s’attendre à ce qu’ils le fassent avec sérieux »), elle mentionne également que les législateurs ont des aides de une à cinq payées par l’État lorsqu’ils besoin de ça. Dans “La Fille de Deauville”, le romancier tente de s’emparer de Joëlle Aubron, protagoniste énigmatique et paradoxale, capable d’enfourcher deux meurtres. Elle a fait des confitures et des horreurs.
Elle s’occupait d’une récolte de pruneaux à l’aide d’une perche. Cependant, elle était trop lourde avec le sucre, et après cuisson, celui-ci se transformait en pâtes de fruits crus. A 25 ans, Joëlle Aubron avait l’impression, devant son hotrod, de « vivre comme une petite vieille », alors que Jean Cau l’avait surnommée « la Jeanne d’Arc des ténèbres de la terreur ». et “Paris Match” avait publié des images embarrassantes d’elle.
Mais c’est arrivé avec les shoots du héros et les litres de bière. La fille de bourgeoisie devenue passionnée d’Action directe a pris les armes et la plastique pour en finir avec l’impérialisme capitaliste quand elle n’était pas occupée à rouler ou à déranger. Ainsi, elle participe à l’assassinat en 1985 du général René Audran et à l’assassinat en 1986 de Georges Besse, PDG de Renault.Pour ne pas éprouver d’émotion que par la manière nonchalante avec laquelle on fait tomber les arbres des fruits trop mûrs.
Vanessa Schneider a réalisé que pour réussir en tant que romancière et non biographe, elle avait besoin de posséder l’énigmatique, impénétrable et paradoxale Joëlle Aubron. Pendant longtemps, la police l’avait surnommée “la fille de Deauville” car elle était bloquée sur les côtes normandes, où elle avait pour mission d’entrer en contact avec le terroriste Carlos, incroyablement chic sous sa peigne blonde et portant son imperméable Burberry.
Même le flic qui le suivait avait entrevu Catherine Deneuve, époque Jacques Demy. Cet illusionniste et obsessionnel est Luigi Pareno. Séduit par Joëlle Aubron, il veut autant la voler que percer le mystère de cette idéaliste approximative, mais aux nerfs d’acier. Il connaît par cœur sa vie : les squats où elle fut initiée à la révolution, la cellule de Fleury-Mérogis où elle tomba, et la ferme de Vitry-aux-Loges (Loiret) où elle sera finalement arrêtée en 1987 aux côtés de ses camarades.
En armes Jean-Marc Rouillan, Nathalie Ménigon et Georges Cipriani. Leur fille, celle de Deauville, décédée à l’âge de 46 ans en 2006 d’une tumeur au cerveau et dont le cheval s’appelait « le Rouge et le Noir », a survécu à l’épreuve. Et cela a marqué une rupture irréparable entre les deux hommes.
Une épaisse lettre recommandée de Suisse est envoyée à la direction du groupe à chaque assemblée générale des éditions Gallimard. Année après année, son contenu est cohérent : l’expéditeur analyse les chiffres, critique les choix, bouleverse les audits et la stratégie, distribue les bonnes et les mauvaises notes.
S’il ne souhaite qu’accéder aux données financières de l’entreprise et avoir la possibilité d’exprimer son opinion, les cinq parts que détient ce petit actionnaire ne le mèneront pas bien loin. Ignorance mise à part, il n’a jamais eu de réponse à ses lettres. Celui qui réunit chaque année un comptable et un commissaire aux comptes pour passer quelques jours à décorer les documents qu’il reçoit de Paris s’appelle Christian Gallimard.
Il est le frère aîné d’Antoine, mécène de la prestigieuse maison, premier éditeur français indépendant, et dépositaire d’un fonds exceptionnel de 40 000 titres et 9 000 auteurs.
Dans cette histoire vraie de la famille Gallimard, Christian, 77 ans, joue le rôle du fils prodigue devenu fou. Il avait été choisi par leur père, Claude, pour lui succéder avant d’être violemment évincé du pouvoir en 1984 au profit de son cadet, Antoine.
Lors de l’absence de leur père en 1991, ils ont maintenu une stricte distance l’un par rapport à l’autre, sans même se regarder. Les désaccords entre ces deux générations ne se limitent pas à un conflit sur l’héritage. De plus, ils représentent un clan prêt à recourir à une violence extrême afin de préserver son nom.